Et voila, j’ai fait ma première libération. Une libération, c’est l’utilisation du parachute de secours. On dit "libération" parce qu’on doit d’abord libérer, désolidariser la voile principale avant d’utiliser la voie de secours pour éviter un emmêlage ...
Donc, jeudi 11 mai 2011, je teste le parachute d’un copain. Le saut se passe bien mais on doit se poser hors zone. Ouverture, mise en œuvre et posé dans un champ. Je ne teste pas la voile en sur-vitesse, j’ai déjà du mal avec ses commandes trop longues a mon gout.
Pliage rapide, pliage de goret. Je vois bien qu’il y a un décalage au niveau des élévateurs mais bon, la voile ne m’a pas l’air vicieuse...
Un saut de suivi d’élève. Séparation a 1500m, dérive et ouverture un peu au dessus de 1000m pour me laisser de la marge pour tester cette voile. Le POD (le sac de déploiement de la voile) monte avec des torsades, ça commence bien, mais la voile s’épanouit normalement au dessus de moi. il ne me reste plus qu’a enlever ses torsades et la, c’est le drame. La voile part en auto-rotation assez rapide. Je ne suis pas centrifugé mais ce n’est vraiment pas une situation d’avenir...
Je tente de me battre deux fois, en battant des jambes, en tirant sur les élévateurs mais rien n’y fait. Voire même, ça empire : je passe sur le dos, je sens que je ne contrôle rien. Tant pis, je fais le choix de la libération. Ça m’embête, c’est ma première et je faisais le malin sur le thème : "moi, j’ai jamais libéré !!!". En plus, c’est pas mon parachute, et quand on libère, on peut perdre du matériel : les deux poignées qu’on est sensé lâcher, la voile principale (même si elle, on la retrouve la plupart du temps) et le POD du secours qui n’est pas solidaire avec la voile de secours.
Allez, c’est parti, je visualise la poignée de libération, je tire dessus, je vois les élévateurs partir et je me sens de nouveau en chute. Le temps de penser a la présence d’un système de sécurité (le LOR), je me remets a plat d’instinct... Je prends la poignée d’ouverture du secours (il n’y a pas de LOR, ce système qui ouvre le secours juste après la libération) et le parachute de secours jaillit...
Crack fait ma nuque, un léger craquement : ça ouvre sec... tout va bien, le secours est déployé, une légère torsade qui se résorbe toute seule.
Je fais ma descente en frein pour regarder ou le matériel de secours va se poser, j’ai les deux poignées en main, et je me rapproche de la zone ou je suis sensé me poser : je dois récupérer un autre parachute pour repartir sauter. Je n’ai pas eu de peur ni de début de panique, je gère tout ça en mode automatique ...
Posé tranquille, la voile de secours vole pas mal même si c’est pas son rôle principal (une voie de secours est faite pour s’ouvrir rapidement, bien et dans l’axe, elle n’est pas faite pour voler aussi bien qu’une voile principale ...). Je ne me pose pas en sur-vitesse, faut quand même pas exagérer ni tirer sur la corde chance ...
Le saut suivant sera correct, ouverture a 1200m au lieu de 1000m, on sait jamais. Et des que je suis posé, on part a la recherche du POD de secours et de la voile principale. On retrouve le POD au sol, a l’endroit ou je l’ai vu se poser. Et la voile principale dans un arbre assez haut. On est obligé d’utiliser une échelle et une gaule pour la faire descendre sans l’abîmer ...
Bilan : pas de casse pour moi, tout le matériel est retrouvé, juste mon porte monnaie qui en prend un coup : je paie la tournée a l’apéro ...
Conclusions :
1 : il faut répéter la procédure de secours régulièrement, ça doit être automatique. Ca tombe bien, étant moniteur, je la montre régulièrement a des élèves ... Le geste est ancré dans ma tête.
2 : il ne faut pas se battre trop longtemps contre la voile, deux tentatives, pas plus, de toutes façons, si ça marche pas en deux tentatives, il n’y a pas vraiment de raison pour que ça marche a la troisième.. En plus, sous une voile rapide, ça descend très fort, pas loin de la vitesse de chute !!!
3 : le pliage est important, surtout le lovage et même si c’est chiant a faire, il faut s’appliquer ...
4 : une voie de secours, ça s’ouvre bien, vite, dans l’axe. Bref, même si il ne faut pas en abuser, il vaut mieux passer sous le secours que d’aller jusqu’au sol avec une voile principale qui ne vole pas normalement... (voir point 2 ...)
La conclusion de tout ça : maintenant, je sais ce qu’est une libération, je pourrais mieux en parler à mes futurs élèves. Ce que j’aime, c’est l’écart entre les parachutistes a qui je raconte ca (y en a même une qui trouve ça "sensas" !!! ;-P ), qui pensent que ça fait partie du jeu et les non parachutistes pour qui je suis presque un sur-homme, super courageux d’avoir sauver sa peau avec un geste simple et répété maintes fois ...
Le parachutisme, c’est décidément pas fait pour tout le monde...
Et la Crossfire, c’est plus fort que moi !!!